DE LA MAISON DES MORTS DE LEOS JANACEK A L'OPERA DE LYON : UNE OEUVRE PUISSANTE ET ENGAGEE
Le dernier opéra de JANACEK :
Sources : Salut des artistes de l'Opéra de JANACEK Leos, De la Maison des Morts, Opéra de LYON, culturesrambaudj.blogspot.com |
Du
21 janvier au 2 février 2019, le dernier opéra du compositeur Tchèque JANACEK
composé en 1928, a été donné à l'Opéra
de LYON. Et j'y étais le dimanche 27 janvier 2019 à 16H. Si l'oeuvre en soi
pourrait paraitre sombre, le metteur en scène Krzysztof WARLIKOWSKI a réalisé
une mise en scène puissante, parfois joyeuse, émouvante, toute empreinte de
gravité sans jamais tomber dans le pathos. L'Opéra de LYON avait déjà proposé
La Petite Renarde rusée (1924) lors d'une précédente saison. Avec de la Maison
des Morts, elle ajoute cette oeuvre à son répertoire. On espérerait voir un
jour l'Opéra de JANACEK, KATIA KABANOVA
datant de 1921. A bon entendeur !
Sources : Affiche Janacek devant l'Opéra de LYON, Sandrine RAMBAUDJ, culturesrambaudj.blogspot.com |
Un
Opéra particulier chez JANACEK
Dans la carrière musicale de JANACEK (1854-1928), ce dernier opéra est particulier à plus d'un
titre. D'abord une oeuvre très courte, 1H45, un opéra en 3 actes, ici sans
entracte. Des voix essentiellement masculines avec des ténors, des basses, des
barytons, mis à part une mezzo presque muette. Un opéra politique qui dénonce
l'enfermement, la prison, le système pénitencier. Cet opéra est basé sur les
Carnets de la maison morte de Fédor DOSTOÏEVSKI,
qui fut lui-même en 1849 victime d'une incarcération suite à la découverte
d'ouvrages non autorisés. JANACEK
était un grand amoureux de la littérature russe, lui qui y avait d'ailleurs
effectué un voyage.
Sources : wikimedia commons, Leos JANACEK, image libre de droits |
La création de cet opéra fut posthume au Théâtre
Nationale de BRNO en 1930.
Sources : pixabay, BRNO, image libre de droits, culturesrambaudj.blogspot.com |
Un opéra choral où il y a peu d'action mais une
succession de tableaux de prisonniers, de portraits voire d'autoportraits,
d'instants de vie dans ce bagne sombre où peut jaillir parfois un peu de lumière.
Sources : Panneau de présentation de JANACEK, Opéra de LYON, Sandrine RAMBAUDJ, culturesrambaudj.blogspot.com |
Une
mise en scène contemporaine
La mise en scène de Krzysztof WARLIKOWSKI, nous projette dans un lieu qui pourrait être
une prison universelle.
Sources : Lever de rideau de la Maison des Morts de JANACEK, Opéra de LYON, Sandrine RAMBAUDJ, culturesrambaudj.blogspot.com |
On joue au basket dans la cour, les uniformes sont
sobres mais colorés. Des moments festifs avec "le théâtre dans le théâtre"
donnent une certaine humanité à ces prisonniers en souffrance. Ironie,
travestissement, humour pour tenter de continuer à vivre tout simplement. Des
êtres sinistres, jeunes ou vieux, condamnés pour vols, crimes passionnels,
délits divers.
Sources : Panneau Opéra de LYON sur le détail de la mise en scène de WARLIKOWSKI, Sandrine RAMBAUDJ, culturesrambaudj.blogspot.com |
Quand Alexandre Petrovitch Goriantchikov débarque
dans ce lieu sordide, un bagne russe sur la rive de l'IRTYCH pour idées
politiques, il se trouve confronté à un monde inconnu, violent où les
prisonniers s'affrontent sauvagement à mains nues, à armes blanches. Des
rapports de domination, d'intimidation entre les détenus. Extraits du spectacle via YOUTUBE :
Accueilli violemment par l'administration pénitentiaire bureaucratique, Alexandre Petrovitch Goriantchikov interprété par l'excellent Sir WILLARD WHITE (baryton-basse), finit par entrer en relation avec les prisonniers, à adoucir leurs moeurs et leur violence, à les apaiser, à leur trouver une humanité. Les décors pivotent dans un lieu dans un lieu, sorte de décor emboité. Un opéra parfois considéré très difficile à mettre en scène.
Accueilli violemment par l'administration pénitentiaire bureaucratique, Alexandre Petrovitch Goriantchikov interprété par l'excellent Sir WILLARD WHITE (baryton-basse), finit par entrer en relation avec les prisonniers, à adoucir leurs moeurs et leur violence, à les apaiser, à leur trouver une humanité. Les décors pivotent dans un lieu dans un lieu, sorte de décor emboité. Un opéra parfois considéré très difficile à mettre en scène.
Sources : Livret De La Maison des Morts, JANACEK, Opéra de LYON, Sandrine RAMBAUDJ, culturesrambaudj.blogspot.com |
Une
langue tchèque portée par des artistes de qualité
Le jeune ténor tchèque Ladislav ELG dans le rôle de Skoutarov a été très touchant dans son
récit des évènements qui l'a amené en prison. Une histoire d'amour et un crime
passionnel condamnable mais tout empreint de regret, de remord et de douleur.
Une voix claire, un personnage torturé très bien interprété. Des bagnards qui
souffrent du manque, de l'absence des femmes et de leur famille. Merci à l'Opéra de LYON pour nous avoir fait découvrir cette œuvre rare.
Sources : L'Opéra de LYON brille de mille feux, Sandrine RAMBAUDJ, culturesrambaudj.blogspot.com |
A la fin, une note d'espoir teintée de symboles. Alexandre Petrovitch Goriantchikov est libérée par l'intervention de sa mère laissant les autres détenus livrés à leur propre destin. le plus vieux meurt en prison, lui qui aurait voulu revoir sa mère. Le tout dans une musique véritable expression d'une conscience nationale tchèque dont on appréciera la très belle ouverture digne d'un concerto pour violon.
Sources : Monument la Petite Renarde Rusée, à BRNO, image libre de droits |
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