Un beau moment de partage à l'Opéra de LYON pour le Cercle de Craie de ZEMLINSKY dans une mise en scène de Richard BRUNEL
Une mise en scène captivante
pour faire découvrir un Opéra à des jeunes :
Dans
le cadre de Lycéens à l'Opéra, j'ai emmené mes élèves à la Dernière du Cercle
de Craie à l'Opéra de LYON, le 1er février 2018. Un beau bouquet de fleurs de couleur rouge
comme le rideau de scène, la passion, m'a été offert par la classe et pourrait
symboliser ce beau moment de partage, le temps d'une soirée dans un lieu prestigieux de la Culture lyonnaise et de l'Opéra. En effet, c'était la première fois que ces
jeunes se rendaient à l'Opéra et ils ont été à la fois surpris par tant de magnificence de la voix et séduit par la mise en scène moderne de Richard BRUNEL que j'ai d'ailleurs rencontré avec sa dramaturge Catherine AILLOUD-NICOLAS à la fin du spectacle.
Richard BRUNEL m'a dit être ravi de l'ovation portée par mes jeunes lycéens qui se sont fait remarquer par leurs applaudissements au 3ème balcon, pour rendre hommage au dernier des Opéras
achevés de ZEMLINSKY.
Sources : bouquet de la part des élèves, Sandrine RAMBAUDJ |
Je vous entraine dans l'ingénieuse mise en scène de cette
nouvelle production de l'Opéra de LYON, qui étoffe encore un peu plus son
répertoire. La mission de l'Opéra de LYON est là, faire connaitre des chefs
d'oeuvre que l'on a peu l'occasion de voir ou les découvrir et ouvrir l'Opéra aux jeunes générations qui sont notre avenir. D'où l'intérêt du dispositif Lycéens à l'Opéra et je remercie la Région Auvergne Rhône-Alpes. Photos publiées avec l'aimable autorisation des artistes.
Sources : Sandrine RAMBAUDJ, le 28 décembre 2017, à l'Opéra de LYON, vous présente le Cercle de Craie |
Sources : 3ème balcon pour le Cercle de Craie, Sandrine RAMBAUDJ |
Une voluptueuse tempête de neige
Une voluptueuse tempête de neige
Acte
3, 6ème tableau : Un paysage de tempête de neige digne
d'un conte de fée ou d'une aquarelle chinoise, dans une ambiance quasi-feutrée.
Haitang interprétée par Ilse EERENS,
brutalisée par les soldats pour la faire avancer est rejointe par son frère
Tschang Li aussi condamné pour outrage. Ensemble, ils font la route dans la
montagne pour Pékin afin qu'une deuxième justice soit rendue par l'empereur
nouvellement nommé.
La musique lyrique, tumultueuse et expressive de ZEMLINSKY aux couleurs de la Chine mais sans exagération exotique, accompagne les délicats flocons de neige, symboles des tourments intérieurs de Haitang : "Puisque personne ne m'entend, je vais crier ma plainte dans la tempête. Entends-moi tempête ! Je te porte ma plainte, neige !" (...) " Mais voyez, la terre même est en deuil, elle s'est vêtue de blanc en mon honneur, il neige, neige blanche, toujours plus blanche, la neige tombe, flocon sur flocon, mes larmes tombent comme des flocons". Li, son fils subtilisé par Yu-Pei la première femme de Mr MA, apparait sur un vrai cheval blanc traversant la tempête à l'invocation de sa mère anéantie, qui se rappelle son enfant : "Mon enfant - où est mon enfant ?".
Puis, en arrière plan, le prince Pao devenu Empereur
est derrière une porte à rideau blanc, on discerne son ombre. Richard BRUNEL a choisi de faire monter
le suspense par l'attente de l'entrée de celui qui dénoue les fils du drame,
redonne à Haitang sa dignité et lui donne un rang. Sur le devant de la scène, tous
les personnages sont accroupis et
prosternés le front au sol, comme dans le Chine des Yuan où l'empereur est
sacré tel un Dieu vivant.
Sources : Pékin, pixabay.com |
La musique lyrique, tumultueuse et expressive de ZEMLINSKY aux couleurs de la Chine mais sans exagération exotique, accompagne les délicats flocons de neige, symboles des tourments intérieurs de Haitang : "Puisque personne ne m'entend, je vais crier ma plainte dans la tempête. Entends-moi tempête ! Je te porte ma plainte, neige !" (...) " Mais voyez, la terre même est en deuil, elle s'est vêtue de blanc en mon honneur, il neige, neige blanche, toujours plus blanche, la neige tombe, flocon sur flocon, mes larmes tombent comme des flocons". Li, son fils subtilisé par Yu-Pei la première femme de Mr MA, apparait sur un vrai cheval blanc traversant la tempête à l'invocation de sa mère anéantie, qui se rappelle son enfant : "Mon enfant - où est mon enfant ?".
Sources : paysage de neige, pixabay.com |
Le rideau s'ouvre, Pao tout en majesté, interprété par Stephan RUGÄMER, apparait tout de blanc vêtu, dans une tempête que Richard BRUNEL fait durer. L'empereur est craint mais respecté et il suscite notre admiration par sa sagesse et son impartialité car il reconnait en Haitang la vraie mère et la disculpe du meurtre de Mr MA.
Sources : pixabay.com |
Le rideau s'ouvre, Pao tout en majesté, interprété par Stephan RUGÄMER, apparait tout de blanc vêtu, dans une tempête que Richard BRUNEL fait durer. L'empereur est craint mais respecté et il suscite notre admiration par sa sagesse et son impartialité car il reconnait en Haitang la vraie mère et la disculpe du meurtre de Mr MA.
C'est ce passage de tempête qui m'a marqué et qui
symbolise à lui-seul tout le spectacle et cette fable. Passage que la
bande-annonce floconneuse de l'Opéra de LYON nous suggère, ci-dessous.
Une mise en scène (voir extraits du spectacle) tout en finesse avec une atemporalité
et une touche de contemporanéité que souhaitait donner Richard BRUNEL. Une succession de tableaux où la Chine apparait
dans des petits détails mais l'intrigue se resserre dans le dernier acte sur
les personnages en leur donnant une plus grande épaisseur : le courage de Haitang, la méchanceté de Yu-Pei, la
grandeur de Pao.
Sources : éventail chinois, pixabay.com |
Un
Cercle de Craie spatialisé
Le Cercle de Craie est mis en scène avec ingéniosité
et traité spatialement comme l'avait évoqué Catherine ALLOUD-NICOLAS, dramaturge de Richard BRUNEL, dans l'Ecole du spectateur.
Tantôt, piste de danse où Haitang danse au milieu des clients de la maison close, éventails à la main. Tantôt, anneau lumineux dessiné au projecteur dans la scène entre Pao et Haitang à l'Acte 1, 2ème Tableau : "Voici un bout de craie. Je vais dessiner sur ce tapis noir un cercle avec cette craie blanche" (Haitang). Tantôt , tag sur un mur, tracé par Haitang pour décourager Tschang-Li de tuer Mr MA dans la scène du poignard à l'Acte 2, Tableau 3 : "L'oracle, laisse-moi interroger l'oracle du cercle de craie. Donne-moi le couteau, je le lance vers le cercle, le cercle représente sa vie" (Haitang). Tantôt arc de chaises alignées lors du premier procès de l'Acte 3, Tableau 5 : " Attention ne pénétrez pas dans le cercle de craie, sinon vous serez accusée vous-même ou le cercle magique vous retiendra" (Yu-Pei). Tantôt scène pivotante dans le deuxième procès, tracé à la lumière par Pao dans l'Acte 3, Tableau 7, tel le jugement de Salomon: "Prenez un morceau de craie, tracez un cercle ici sur le sol, devant mon trône, posez l'enfant dans le cercle. (...) A présent, vous, les deux femmes, essayez de tirer l'enfant hors du cercle, en même temps (Pao)". Une belle mise en espace du Cercle de Craie, qui est bien le coeur de l'oeuvre autant par son motif musical que par sa matérialité.
Sources : Photo prise par Sandrine RAMBAUDJ de Richard BRUNEL et Catherine AILLOUD-NICOLAS, avec l'aimable autorisation des artistes |
Tantôt, piste de danse où Haitang danse au milieu des clients de la maison close, éventails à la main. Tantôt, anneau lumineux dessiné au projecteur dans la scène entre Pao et Haitang à l'Acte 1, 2ème Tableau : "Voici un bout de craie. Je vais dessiner sur ce tapis noir un cercle avec cette craie blanche" (Haitang). Tantôt , tag sur un mur, tracé par Haitang pour décourager Tschang-Li de tuer Mr MA dans la scène du poignard à l'Acte 2, Tableau 3 : "L'oracle, laisse-moi interroger l'oracle du cercle de craie. Donne-moi le couteau, je le lance vers le cercle, le cercle représente sa vie" (Haitang). Tantôt arc de chaises alignées lors du premier procès de l'Acte 3, Tableau 5 : " Attention ne pénétrez pas dans le cercle de craie, sinon vous serez accusée vous-même ou le cercle magique vous retiendra" (Yu-Pei). Tantôt scène pivotante dans le deuxième procès, tracé à la lumière par Pao dans l'Acte 3, Tableau 7, tel le jugement de Salomon: "Prenez un morceau de craie, tracez un cercle ici sur le sol, devant mon trône, posez l'enfant dans le cercle. (...) A présent, vous, les deux femmes, essayez de tirer l'enfant hors du cercle, en même temps (Pao)". Une belle mise en espace du Cercle de Craie, qui est bien le coeur de l'oeuvre autant par son motif musical que par sa matérialité.
Sources : pixabay.com |
Des
décors panoramiques en perpétuel mouvement
Richard
BRUNEL use de la technologie utilement et au moment opportun.
Les décors pivotants tels des paravents ou des éventails, nous font passer
habilement, parfois d'une scène à l'autre ou nous permettent d'avoir une vue
sur plusieurs lieux, actions et personnages à la fois au même moment. Yu-Pei incarnée
par Nicola BELLER CARBONE va et
vient d'un décor à l'autre et instille son venin en manipulant, son amant, la
nourrice, les juges, les coolies. Une télévision descend subitement et un
journal télévisé annonce la mort de
l'empereur et une nouvelle nomination.
On retrouve l'usage les écrans pour les karaokés dans la maison de thé. Tout
se donne à voir, les secrets, les mensonges, les complots, les sentiments, un
véritable tableau de la condition humaine dans toute sa complexité.
Sources : mariage chinois, pixabay.com |
Un
flux d'actions entre énergie et instantané
Parfois, quelques arrêts sur image comme dans un
film donnent de l'intensité dramatique aux faits : l'arrestation de Haitang par
la patrouille de police et l'arrachement de l'enfant à sa mère à la fin de l'Acte 2. La musique de ZEMLINSKY accompagne l'action et imite
les derniers battements de coeur de Mr MA jusqu'à son dernier souffle de vie.
Les paroles de Haitang sont déchirantes d'émotion : "Dans la première heure où j'ai appris à te connaitre, il me
fait te perdre Ma. Donnez-moi mon enfant, ne me séparez pas de mon enfant
!". La scène d'amour entre Pao et Haitang à l'Acte 1, Tableau 2 montre un Pao léger, fougueux, libertin,
"aventurier" comme il le dit lui-même, il se joue des filles de la Maison
de thé mais voit Haitang avec d'autres yeux et la pureté de son coeur : "Je m'agenouille devant toi, Kwan-Yin, déesse de la pureté",
"Vous m'avez trouvé, vous m'avez touché au coeur".
Sources : pixabay.com |
La
renaissance de ZEMLINSKY
ZEMLINSKY
qu'Adorno nomme "le sismographe" intègre les styles de son époque, les
époques elles-mêmes et les compositeurs dans une fusion parfaite qui lui fait
créer son propre langage musical. Il aurait été heureux de voir revivre son
oeuvre qui aurait dû être l'évènement lyrique de l'année 1933 à Berlin,
Francfort, Cologne, Nuremberg. Les circonstances politiques dramatiques avec
l'accession au pouvoir des Nazis en auront décidé autrement et scellèrent le
destin de sa carrière brisée qui ne trouvera jamais le second souffle espéré outre-
atlantique. Joué pourtant au Stadtheater de Zurich le 14 octobre 1933, l'oeuvre
n'aura pas le succès escompté. SCHÖNBERG son beau-frère dira de lui en 1949 : " J'ai toujours cru qu'il était un
grand compositeur et j'y crois encore. Peut-être que son heure arrivera plus
tôt que l'on ne pense". Son heure est donc bien arrivée sur la scène
de l'Opéra de LYON un mois de janvier 2018. Richard BRUNEL très sensible
à l'oeuvre de ZEMLINSKY, donne une autre fin qu'il appartient à chacun d'interpréter,
d'y voir une happy end ou une fin plus sombre, entre rêve et réalité.
Sources : HAITANG heureuse, pixabay.com |
Merci à Richard
BRUNEL pour avoir exhumé l'oeuvre oubliée de ZEMLINSKY et à Catherine
AILLOUD-NICOLAS pour les solutions originales proposées à la mise en scène. Je
leur souhaite d'autres mises en scène pour nous faire vibrer. Merci à au choriste de l'Opéra de LYON, Philippe MAURY pour avoir fait découvrir son métier aux élèves. Les photos sont publiées avec l'aimable autorisation des artistes, Richard BRUNEL, Catherine AILLOUD-NICOLAS, Philippe MAURY que je remercie.
L'Opéra de LYON a encore brillé de mille feux ce soir par la qualité de ses productions et des oeuvres choisies.
Sources : rencontre avec Richard BRUNEL et Catherine AILLOUD-NICOLAS par Sandrine RAMBAUDJ à l'Opéra de LYON, avec l'aimable autorisation des artistes |
Sources : Philippe MAURY, choriste de l'Opéra de LYON, avec l'aimable autorisation de l'artiste |
L'Opéra de LYON a encore brillé de mille feux ce soir par la qualité de ses productions et des oeuvres choisies.
Sources : Sandrine RAMBAUDJ, Opéra de Lyon |
Sources : Sandrine RAMBAUDJ, Opéra de LYON |
En mars, le Festival VERDI promet encore de belles surprises. Je vous donne rendez-vous pour :
DON CARLOS, 5 heures intenses où les passions se déchainent dans un monde de pouvoirs !
Merci aux élèves pour leurs gentilles attentions et de m'avoir suivi dans cette découverte.
Sources : Bouquet de la classe, photo prise par Sandrine RAMBAUDJ |
Sources : photo prise par Sandrine RAMBAUDJ |
La visite de L'Opéra de LYON
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