UNE NOUVELLE TRAVIATA AU FESTIVAL DE GLYNDEBOURNE 2014


Une Traviata sensible et délicate avec Venera

 GIMADIEVA et Michael FABIANO en 2014 :


Qu'est-ce qu'adapter une Traviata de plus parmi les innombrables depuis près de deux siècles ? Si certains metteurs en scène y voient peu d'intérêt et préfèrent s'atteler à des opéra moins connus, d'autres se passionnent à inventer et à s'entourer d'une distribution nouvelle. Il est vrai que cela mérite en effet d'analyser les aménagements apportés à une oeuvre datant de 1853, d'étudier le contexte dans lequel peut être développé l'argument, de découvrir les artistes choisis pour une production somme toute populaire et verdienne, inspirée de La Dame aux Camélias de DUMAS fils. La Traviata du 80ème Festival de Glyndebourne au Royaume Uni l'été 2014 est de celle-là et elle s'est faite remarquée pour plusieurs raisons. J'ai pu la découvrir sur le chaîne MEZZO un soir de juin 2018, et je peux affirmer que 250 ans après, le charme opère toujours. A visionner une soirée d'été 2018.

Sources : Couverture DVD LA TRAVIATA avec Venera GIMADIEVA et Michael FABIANO


Une mise en scène soignée et sobre

La mise en scène de Tom CAIRNS n'est pas aussi dépouillée que celle de 2005 à Salzbourg avec Rolando VILAZON et Anna NETREBKO transposée au 21ème siècle.




Sources : Couverture DVD LA TRAVIATA avec VILAZON et NETREBKO

Rien à voir non plus avec Angela GEORGHIU en 1994 au Royal Opera House, dans la plus pure tradition du 19ème siècle avec crinoline, parure de strass et ruban de satin. Ou celle avec l'inoubliable Maria CALLAS;
Sources : Couverture DVD LA TRAVIATA avec Angela GHEORGHIU
Sources : Wikimedia commons, Maria CALLAS interprète VIOLETTA

Les décors des 4 actes sont ici sans fioriture : la fraicheur de l'appartement du nid d'amour aux couleurs bleutées à contrejour ou encore la soirée mondaine où les personnages occupent le devant de la scène, plus que les éléments du mobilier.


Des costumes simples et élégants

Une transposition dans les années 1920 pour le Festival de Glyndebourne. Violetta (Venera GIMADIEVA) arbore une robe de dentelle longue et droite avec colliers de perles et chignon haut.
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La traditionnelle robe rouge de bal de la scène d'affront se transforme en un pardessus rehaussé d'un boa à col en épaulettes.
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Le choeur toujours massif chez VERDI est élégant de bourgeoisie. Les matières sont légères, fragiles comme le tempérament de Violetta. Sobriété pour Alfredo GERMONT (Michael FABIANO) alternant costume de ville et de fête.

Des personnages d'une grande épaisseur


La scène de séduction d'Alfredo lors de la soirée à l'Acte I dans l'hôtel particulier est sans doute celle, où les artistes impriment leur marque et nous donnent à voir leur personnalité.
href='http://www.gettyimages.fr/detail/539874490' target='_blank' style='color:#a7a7a7;text-decoration:none;font-weight:normal !important;border:none;display:inline-block;'>Embed from Getty Images


Ambiance de liesse où le vin coule à flot "Brindisi", entre badinage et flirt, Violetta doute de l'amour d'Alfredo mais les preuves qu'il lui expose, ébranlent une à une ses certitudes.




Michael FABIANO, ténor américain ne s'exprime pas seulement par la voix et les mots mais aussi par les regards profonds et gestes tendres de sensualité pour sa belle. Il prend l'avantage et marque des points. Une Violetta conquise, une voix voluptueuse.


 
Violetta se montre ensuite plus torturée face au dilemme que lui impose le père d'Alfredo interprété par Tassis CHRISTOYANNIS (rester avec lui au risque de déshonorer sa famille).

Si Michael FABIANO campe un Alfredo  en souffrance, transi par l'amour, sa nervosité explose.


Dans la scène de l'Acte III, il méprise Violetta et lui jette plein de haine des billets au visage de la femme aimée qui l'avait abandonné.


Une grande expression de Venera GIMADIEVA, soprano russe, qui sourit, désespère, rêve d'un avenir impossible avec Alfredo jusqu'au sentiment de fatalité de son destin implacable dans l'Acte IV. Une voix émouvante.


Une Violetta fragile sur laquelle la scène finale finit par se recentrer pour devenir le personnage principal de l'histoire face à un Alfredo plus résigné.


Une Traviata intemporelle qui parle du monde

Nathalie DESSAY avait joué dans un film documentaire intitulé "La Traviata et nous". Le "nous" me fait penser au lien indéfectible que VERDI a tissé entre l'oeuvre et son public, entre le compositeur et le peuple. Parce que l'oeuvre témoigne encore bien des décennies après de la complexité de l'âme humaine et de la fragilité de la condition de la femme.

Une Traviata qui finalement, montre que cet Opéra a encore de beaux jours devant lui, tout comme l'institution Opéra qui entend développer la création et la production. Venera GIMADIEVA est tout simplement magnifique et émouvante !

Sources : Wikimedia Commons, image libre de droits, Venera GIMADIEVA

Dépoussiérer des oeuvres, en faire renaître d'autres plus oubliés, en créer même de nouvelles, tel est le chemin ou les chemins sur lesquels l'Opéra s'engage au 21ème siècle.
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Sources des images : site Gettyimages, images libres de droit et capture d'écran.

Sources : Sandrine RAMBAUDJ, mini rose marbrée, juin 2018
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